
HAMLET
du 4 au 30 novembre 2014
au Théâtre de l'Epée de Bois
Auteur : William SHAKESPEARE
Mise en scène : Daniel MESGUICH
Hamlet est un révélateur de l’acte théâtral.
C’est la pièce la plus « vide » de tout le répertoire, une manière de trou noir, qui avale et recrache tout l’art du théâtre, tous les codes de jeu, tous les personnages, tous les acteurs, tous les livres : Artaud, Freud, Brecht, Mallarmé, Joyce… tous y passent. Et c’est – dès qu’on la travaille – la pièce la plus « pleine ».
Hamlet est une véritable histoire du théâtre, une théorie du théâtre en acte (et non pas plus ou moins « décrite », comme nous en avons l’habitude), une théorie du théâtre par le théâtre.
Hamlet est la matrice de toutes les pièces. Et voici que je la remonte, comme on dit d’un fleuve. Hamlet, pour moi, est une histoire qui n’en finit pas. Pour moi, mais aussi, je crois, en soi : sa centaine de pages en est, en réalité, cent milliards de milliards, au moins. Le simple répertoire des titres seulement (à raison d’une ligne par titre) des ouvrages publiés qui lui sont directement consacrés serait plus épais que le bottin de New York ! Autant dire que si l’on voulait, au moins une fois, lire tous les livres que cette petite centaine de pages intituléeHamlet a suscités, il faudrait vivre – et en ne faisant que cela ! – plusieurs centaines d’années !
Or, s’il est vrai que mettre en scène un texte classique, c’est non seulement mettre en scène un texte visible, bien sûr, (le texte littéral, imprimé), mais aussi d’une certaine manière – et à la différence des textes contemporains – mettre en scène un second texte, invisible, composé de la mémoire du texte visible, de son histoire, de sa «poussière » (dirait-on, d’après l’expression « dépoussiérer les classiques » : gloses, commentaires, analyses, exégèses, souvenirs d’autres mises en scène, etc.), alors, mettre en scène Hamlet – qui est, dit-on, le classique des classiques –, c’est, vous en conviendrez, une entreprise qui relève, d’emblée, de l’interminable même. De l’impossible, ou de la folie.
Plus encore que pour quelque autre texte, on peut dire que personne, jamais, n’a mis ni ne mettra en scène Hamlet. Plus encore que pour quelque autre texte, on peut dire que personne, jamais, ne l’aura seulement lu. »
Daniel Mesguich
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